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Poésie visuelle |
Alors que la période estivale touche à sa fin, et que bon nombre de personnes se morfondent à l'idée de dire « Au revoir ! » aux vacances, au soleil et aux bikinis, les aficionados du jeu vidéo se préparent physiquement et mentalement à accueillir le dernier trimestre de 2011, qui sera sans aucun doute le plus riche en termes de sorties. Une fois n'est pas coutume, nous entamons ce mois de septembre par un titre assez surprenant et atypique, qui avait marqué les esprits lors du Tōkyō Game Show 2010, empreint d'une créativité et d'une touche artistique propres à une certaine catégorie de jeux, assez rares pour attirer l'attention du public dès les premiers aperçus. En effet, , prévu pour le 9 septembre sur Xbox 360 et Playstation 3, est l'aboutissement d'un projet confié à Sawaki Takeyasu et Masato Kimura qui avaient participé au développement de Viewtiful Joe et surtout du mythique Ōkami, qui réprésentait à lui seul un nouveau concept à part entière dans le domaine du jeu vidéo. Alors inutile de dire que El Shaddai a hérité de certaines qualités de ses illustres prédécesseurs, la plus importante étant un aspect visuel éblouissant qui combine à merveille l'art à proprement parler et une dimension ludique qui permet de modeler un univers et une ambiance unique en son genre.
El Shaddai nous plonge au cœur de l'histoire biblique et plus précisément des faits narrés dans le Livre d'Enoch, l'un des écrits de l'Ancien Testament racontant le périple de ce héros, et la façon dont il a été désigné en tant que Métatron, l'ange suprême. Tout d'abord, il faut noter que les évènements du Livre d'Enoch sont particulièrement intéressants d'un point de vue littéraire, même pour ceux qui ne seraient pas croyants, et constituent un élément essentiel de la religion judéo-chrétienne. Dieu, insatisfait de sa création, prévoit de tout détruire pour recommencer un nouveau cycle, condamnant alors l'humanité à périr. Mais l'archange Lucifer (qui n'a pas encore été déchu et n'est pas devenu Satan) arrive à convaincre le Tout-Puissant de laisser une dernière chance aux hommes, et c'est ainsi qu'Enoch, le Premier Scribe, choisi pour sa force et la pureté de son âme, se voit confier une mission de la plus grande importance : purifier les sept anges déchus qui ont trahi la volonté divine et récupérer les fragments de sagesses volés par Samyaza et Azazel. Il est intéressant de noter qu'à l'instar d'Ōkami, le fait d'exploiter un scénario basé en grande partie sur des éléments mythologiques donne un sens précis aux différents choix artistiques, de façon à ce que l'ensemble créé soit cohérent et surtout qu'il arrive à toucher la sensiblité du joueur, en associant la mémoire visuelle à des notions plus abstraites amenées par l'interprétation des différentes situations contées dans ces titres. La question principale est donc de savoir quelle identité les développeurs ont voulu insuffler à El Shaddai, et ce pourquoi il est unique. Même si techniquement le titre semble en retard par rapport à ce qui a pu se voir récemment, on voit instantanément que le travail graphique a été tout simplement colossal et les équipes d'Ignition Entertainement donnent ici une véritable leçon de level-design. Le jeu est divisé en phases d'action vers l'avant se déroulant dans des décors 3D, et des phases de plateforme prenant place sous forme de défilement horizontal et 2D. Mais, indépendamment de la mise en forme, l'esthétique des niveaux est tout simplement sublime : que ce soient des arrières plans magnifiques (qui peuvent être épurés au maximum ou au contraire fourmiller de détails et donner lieu à des œuvres d'art interactives), des effets de lumière saisissants, une modélisation des personnages allant de l'épique au quasi-loufoque (Enoch et Lucifer étant particulièrement réussis), des paysages mystiques qui pourraient parfaitement avoir leur place dans un tableau ou même l'immense variété d'influences artistiques (des vitraux gothiques jusqu'aux formes surréalistes en passant par des éléments cubistes), tout est fait pour que le joueur soit à la fois acteur et spectateur, et que celui-ci soit continuellement marqué par cette beauté visuelle qu'il a en face de lui à chaque nouvelle étape de la progression. La jouabilité, quant à elle, est beaucoup moins originale, mais reste dans les normes du genre (cela n'a pas été mentionné avant, mais El Shaddai est une combinaison entre beat'em all et plateforme) et autant dire que pour peu que l'on adhère à l'aspect graphique, le reste n'est que secondaire. Quoi qu'il en soit, Enoch pourra se battre à mains nues ou avec des armes qu'il obtiendra au fur et à mesure de l'aventure ou qu'il pourra voler à ses ennemis. Chaque arme sera caractérisée par un certain nombre de combos, qui devront être utilisés à bon escient. Chacune procurera également des mouvements spécifiques dûs à leur nature, qui se révéleront utiles lors de l'exploration des niveaux. Bien évidemment, le héros pourra aussi effectuer un certain nombre d'acrobaties de façon à s'adapter aux différents types d'ennemis, mais surtout aux boss qu'il rencontrera. Les phases de plateforme sont classiques puisqu'il s'agira de compléter chaque niveau en évitant les obstacles et les pièges, ce qui ne sera pas forcément évident étant donné que certains décors majestueux ont pour effet négatif d'alourdir la lisibilité de l'écran. Mais, encore une fois, cela n'empêche en rien de savourer les merveilles ludiques qui s'offrent à nous.
En réalité, El Shaddai : Ascension of the Metatron n'est pas un titre qu'il faut catégoriser d'emblée dans un genre ou dans un autre : comme Ōkami, il est plus basé sur un concept cherchant à impressionner via la dimension artistique plutôt que de proposer une expérience de jeu renversante, et ce choix est entièrement assumé par la forme qu'il prend. Appelant avant tout la sensibilité de chacun face à un univers visuel extrêmement riche et recherché, il faudra mettre de côté les normes existantes pour pleinement saisir l'intérêt que les développeurs cherchent à éveiller chez les joueurs. Il faut également noter que malgré le caractère assez sérieux du Livre d'Enoch et de ses connotations religieuses, les mises en forme du scénario et de la narration sont assez décalées. Il ne faut donc pas s'attendre à des situations graves et épiques comme le nom du jeu pourrait le suggérer, mais bel et bien à une interprétation pour le moins surprenante et qui, encore une fois, est parfaitement cohérente avec l'identité de cette production. Certains ne trouveront aucun intérêt à ce titre, d'autres l'aduleront sûrement, mais quelle que soit l'appréciation personnelle, on ne peut que saluer l'effort de création amenant à une telle originalité. Voici la .
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Nous vous invitons à lire notre dernier article publié : « Critique du film “Panda petit panda” », rédigé par KajaGuu.
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vendredi 2 septembre 2011 @ 13:25:50 par Scythe |
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