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Les Mystérieuses Cités d’Or (Taiyô no ko Esteban) - Partie 3
Introduction
Les origines françaises
Les origines japonaises
Les héros enfants
Le réalisme fantastique
Le symbolisme général
Les premières immersions dans l’inconscient
La découverte de la Cité d’or
Les "grands adultes" et le dénouement philosophique

Une postérité ?
Plus loin encore
Conclusion
Bibliographie et liens


Les premières immersions dans l’inconscient


Au début de la série, pendant le long périple qui emmène Esteban et Zia vers le Nouveau Monde, l’inconscient est simplement représenté par le vaste océan et ses tempêtes. C’est la totalité inconnue et inquiétante de l’inconscient. Il s’agit d’apprendre à domestiquer les grandes eaux, ou « eaux primordiales » dont parle Jung (Psychologie et alchimie, page 342), et d’en faire émerger la terre, le continent. Dans l’épisode 2, Esteban, malade au début de la traversée, rêve de ce continent : il voit confusément des cimes étranges, des statues effrayantes, des temples mystérieux. Avant d’atteindre les grandes terres, les enfants se rendent sur une île en forme de croissant de lune et pénètrent dans une grotte qui cache un temple construit par des habitants de Mu. Ils "résolvent" l’énigme du temple et permettent au Solaris, le bateau solaire, de sortir de la roche de l’île comme s’il en naissait. Ils prennent possession du navire et apprennent son fonctionnement.

Nous avons là un schéma symbolique très simple : le héros solaire entre dans la matrice représentée par la lune, qui est aussi une île et qui préfigure déjà la terre, élément que nous rencontrerons principalement par la suite. Il brave l’interdit sacré et viole le temple, en quelque sorte dans tous les sens du terme. Ainsi il sort le Solaris d’une matière première où il n’était qu’en puissance, pour parler comme un aristotélicien ou un alchimiste. Ce bateau miraculeux, qui dépasse en tout point les plus puissantes caravelles, représente la victoire définitive sur l’élément eau et en même temps la transition vers l’élément terre. Mais cette première inspection de l’inconscient ne va pas encore jusqu’au plus profond : le Solaris est imparfait et sera détruit. Il est nécessaire d’aller extirper des entrailles de la terre une puissance plus fiable et bien entendu de revenir avec elle, c’est-à-dire de l’objectiver, de la faire réelle alors qu’elle est spirituelle.



Dans l’épisode 17, le groupe d’aventuriers, poursuivi par les géants Urubus qui veulent offrir Zia en sacrifice à la déesse Pachamama, escalade une montagne sacrée qui met en fuite les indigènes. Ils assistent à ce moment à un coucher de soleil d’une grande beauté : l’astre passe juste dans une fente entre deux pics montagneux au loin. Soudain un rayon vient se réfléchir sur une pierre précieuse incrustée dans une grande statue qui représente Pachamama sous les traits d’une femme aux formes généreuses, érotiques. Esteban et Zia comprennent qu’ils sont devant le temple de la déesse et peut-être devant la Cité d’or, mais ils n’en voient pas l’accès. Ils placent leurs pendentifs sur la poitrine de la statue, et aussitôt, obéissant à un mécanisme inconnu, une ouverture se crée dans la montagne, ou plutôt la montagne "s’ouvre", découvrant une petite cité. Le soleil couchant y pénètre et illumine les colonnes du temple de telle façon que tous, comme dans une vision merveilleuse, croient avoir trouvé la Cité d’or. Mais la cité, qui n’est faite que de pierres, s’obscurcit alors que le soleil disparaît. Ils reprennent leurs esprits, entrent, traversent une sorte de place ou d’allée bordée de colonnes, montent les marches du temple et pénètrent dans une vaste salle vide. C’est là que le Grand Condor fait son apparition, au centre d’une lumière éblouissante, après qu’Esteban a retiré le disque d’un blason solaire sur un mur. Les héros ignorent à ce moment que cette gigantesque statue est capable de se déplacer dans le ciel.

C’est un passage riche en émotions qui transporte l’âme. Tout est là : comment ne pas ressentir un système symbolique dont la taille (de l’entrée de la cité jusqu’au temple) avait dissimulé l’existence ? C’est un coït grand comme la nature qui est évoqué ici, l’accouplement brutal entre le Soleil et la Terre, qui engendre un fruit fabuleux : le grand oiseau d’or. L’ouverture de la montagne, c’est la pénétration ; l’allée menant au temple, c’est le vagin ; le temple, c’est la matrice où l’oiseau est créé. Esteban est l’instrument du Soleil : il ne profane pas seulement un temple, mais viole en quelque sorte Pachamama elle-même. Il s’agit d’un inceste avec la mère, la beauté et la magie de la scène ne sont que camouflages.

L’entrée vigoureuse et perforante dans la mère est évoquée avec moins de déguisements par Hideaki Anno dans l’épisode 37 de Fushigi no umi no Nadia : le vaisseau de guerre des héros tente de pénétrer à l’intérieur de la Noa Pourpre, une grosse soucoupe couleur sang contenant la puissance des Atlantes. Comme leurs ennemis s’en sont emparés et qu’ils n’ont pas le temps de réfléchir, ils adoptent la tactique brutale consistant à "foncer dans le tas", à forcer un passage à travers boucliers et cuirasses de la Noa, en donnant toute la puissance aux réacteurs.

Pachamama ne va pas du tout apprécier le viol. Dans l’épisode suivant, une éruption volcanique s’amorce alors que nos héros sont encore dans les entrailles de la déesse. À leur grande surprise, ils découvrent que le Condor peut abriter des passagers, comme le défunt Solaris. À peine sont-ils dans l’aéronef que celui-ci est projeté dans les airs par une explosion due à la pression des gaz du volcan. La naissance du Condor est donc douloureuse. Nous voyons que l’inconscient n’est pas seulement un endroit attirant d’où il est difficile de revenir lorsqu’on s’y est engagé. La "mère terrible" Pachamama n’a pas le désir de retenir son enfant, elle le rejette lorsqu’il s’est transformé, a atteint une nouvelle vigueur, de la même façon que la baleine recrache Jonas. Grâce au Grand Condor, Esteban peut à présent acquérir une domination de l’élément air. Il ne souffre plus du vertige comme c’était le cas dans les épisodes précédents. Signalons un point important : c’est Deyriès qui a souhaité que le Condor soit en or alors qu’il était prévu en argent. L’argent symbolise mieux l’imperfection de la tentative irréfléchie d’entrée dans la mère. Le Condor en or fait immédiatement penser au phénix flamboyant, symbole de la renaissance glorieuse du Soleil et de la fin du processus psychique (voir Métamorphoses de l’âme et ses symboles, page 579). Mais la victoire n’est ici que partielle puisque les héros ont voulu hâter le processus : tout au plus ils ont eu l’illusion d’avoir trouvé de l’or (lorsque le soleil couchant a illuminé la cité).

Les quatre éléments ne sont pas des concepts gratuits, même si pour l’instant ils ne parlent pas vraiment à la raison. L’air et la terre forment un couple de contraires, comme l’eau et le feu. La transformation d’un élément en un autre est aisée si l’on reste sur la périphérie de leur cercle, mais passer d’un élément à son opposé, c’est aussi rencontrer la contrariété du second couple au sein d’un chaos central. La Cité d’or y était attendue, mais à la place Esteban et ses amis furent confrontés au déchaînement menaçant des éléments : orage, tremblement de terre, jusqu’à l’éruption. L’élément le plus subtil, le feu, a été méconnu et s’est montré hostile. Les leçons de cette expérience seront tirées dans la suite des événements.



La découverte de la Cité d’or


La dernière excursion dans l’inconscient est encore plus complexe et plus longue puisqu’elle est préparée dans l’épisode 21 et prendra fin avec la série. En effet, dans les épisodes 21 et 22, on trouve un élément obsédant dont la taille et le caractère sacré suggèrent qu’il est un symbole expliquant le système général de l’œuvre : il s’agit du serpent. Le fleuve Amazone est décrit comme un serpent rampant dans la forêt. Un reptile géant habite ce fleuve et attaque le groupe d’aventuriers à deux reprises : c’est un anaconda sacré, vénéré et craint par les indigènes. En visitant trois cités mayas en ruine, Esteban trouve des représentations de serpents et surtout, à plusieurs reprises, la statue du serpent ailé : à la fois chtonien et aérien, ce dieu (Quetzalcoatl en vérité) est donc très intelligent (il « connaît le Ciel et la Terre », dit une inscription dans la première ruine) ; c’est cela qui permet de l’identifier à Viracocha. A la fin de l’épisode 29, en cherchant à s’enfuir du Bouclier Fumant, les héros parviennent sur une place élevée d’où ils peuvent contempler toute la forêt. Mendoza remarque qu’ils ne sont qu’à une journée de marche de la première des trois cités en ruine. Tous sont alors confrontés à l’absurdité du trajet effectué jusqu’ici : ils ont tourné en rond ! Le chemin des Cités d’or n’aurait-il donc pas de fin ? Les trois ruines plus la base olmèque forment un carré que Viracocha est appelé à parcourir indéfiniment. Le serpent se mord la queue : il est un ouroboros, symbole du devenir et du Tout, image de la raison qui revient sur elle-même. Les héros apprennent plus tard que la Cité d’or se trouve à l’intersection des diagonales du carré.



Dans les figures 44, 46 et 47 (pages 131 et 135), Psychologie et alchimie montre des exemples d’ouroboros entourés des quatre éléments. Loin d’être rare, ce système symbolique résume la science alchimique. La première ruine est marquée de l’élément air, récemment conquis par Esteban. C’est là que le Condor est abandonné : nos héros repartent à zéro, reprennent leur giration autour du cercle des éléments, dans le même sens qu’avant. La deuxième ruine, par-delà le dangereux marais du dieu de la pluie, est marquée de l’élément eau. La troisième ruine, cité souterraine détruite par une forte chaleur d’origine inconnue, et située à proximité de la « forêt des statues de terre », est marquée de l’élément terre. Le Bouclier Fumant ne peut représenter que l’élément le plus instable et le plus long à maîtriser : le feu de la technologie, le feu de la guerre, le feu des crises et des révoltes. La recherche de la Cité d’or à partir de ses quatre repères se fait d’ailleurs dans un contexte violent, les signes annonciateurs de l’Apocalypse (en quelque sorte) se multiplient...

Précisons qu’en visitant les ruines, Esteban découvre les traces de plus en plus distinctes d’une technologie utilisant l’énergie solaire. En allant d’une ruine à l’autre, il refait ou plutôt s’approprie l’histoire de la quête du Soleil, c’est-à-dire de l’absolu. Il est par conséquent une sorte de géant, non pas étiré dans l’espace mais dans le temps, car il traverse d’un coup des siècles d’histoire. La quatrième étape, la société olmèque, est toute proche de la Cité d’or et n’arrive pourtant pas à la trouver, comme si cette société dorée échappait au cercle de la science (politique aussi bien que technique). Nous voyons bien qu’il serait tout à fait ridicule d’imaginer les ancêtres des Olmèques tourner autour de leur société idéale sans la débusquer. Les trois ruines et le Bouclier Fumant n’ont pas été disposés en carré simplement parce que l’auteur a sorti de son imagination la plus primaire une énigme avec une histoire d’intersection de diagonales ! Ils ont bel et bien été disposés ainsi en raison d’un impératif au moins psychique, au plus intellectuel. L’auteur veut montrer une progression en quatre degrés commandée "en quinte" par un absolu qui les réunit tous. C’est une mise en scène comparable à celle d’un dialogue platonicien, ou à celle de certains entretiens de Bodhidharma avec ses disciples (nous ne confrontons ici que des mises en scène, et en laissons l’appréciation aux spécialistes).



Selon Jung, l’ouroboros symbolise aussi la périphérie de l’univers ; en chercher le centre unique, point de stabilité et quintessence des éléments, c’est pour le philosophe ou le mystique percer un grand mystère. La Cité est cachée à l’intérieur d’une montagne située au centre d’un grand lac. Après de nombreuses péripéties, Esteban et Zia utilisent leurs médaillons pour ouvrir les dernières portes qui en interdisent l’accès. Plus tard, le dôme de la montagne s’ouvre. La ville est toute ronde et brillante, comme l’empreinte du soleil sur la terre. En son centre se trouve une tour qui serait donc l’axe du monde, ou mieux encore le symbole de la réussite des hommes dans leur quête de l’absolu. La Cité ressemble énormément à la Jérusalem messianique, qui a une grande place en or et l’Arbre de Vie en son centre. Mais la forme circulaire de l’Atlantide platonicienne a été préféré au carré. Peut-être que celui-ci est une figure trop "matérielle", alors que le cercle est plus parfait et plus secret.



Les "grands adultes" et le dénouement philosophique


Paradoxalement, le système quaternaire qui entoure la Cité d’or demeure au stade du non-dit, du symbole (ouroboros, éléments, figures géométriques), alors qu’il est sûrement la figuration d’un discours scientifique et philosophique. La psychanalyse et la critique esthétique semblent être les seuls moyens de l’étudier, tout le reste est trop conjectural et dépasse les limites de ce dossier. Cependant, le symbolisme amène et légitime ce qui se passe et se dit dans les derniers épisodes, et qui est plus important que la science. En s’adressant à de jeunes spectateurs, l’auteur considère que l’universel, via le symbole ou un discours approprié, peut être saisi par l’enfant. C’est aussi le point de vue de Miyazaki. En outre, il considère qu’un adulte n’est pas forcément plus sage qu’un enfant. Il y a cependant des figures de "grands adultes" : Taiyô no ko nous en propose, des plus sombres aux plus belles.



L’inquiétant Ménator, qui réapparaît sous une autre forme et un autre nom dans d’autres œuvres nippones, représente une science pervertie. Il fait beaucoup penser à un Hitler sain d’esprit. Il juge que les hommes (excepté ceux de sa race, qui ont selon lui accédé à un rang quasi-divin, hors de la nature, hors des hommes du commun) sont mauvais, emplis de bêtise et de préjugés, et ne se feraient plus la guerre s’ils étaient régentés. Il est arrivé à croire que son intelligence et le prestige de ses ancêtres sont les signes d’une élection divine. Tout autant que les pratiques de magie ou de sorcellerie, la science procure une sensation de puissance qu’il est nécessaire de contrôler. Ne possédant pas cette maîtrise, l’orgueilleux Ménator est devenu un satan, une sorte de super-ennemi de l’humanité. Ce portrait noir doit néanmoins être tempéré : qu’il ait pris ou non les bonnes décisions, ce chef charismatique et éminent biochimiste, qui se présente comme « l’Ame des Olmèques », désire sincèrement sauver son peuple, qui a connu désillusions et tragédies dans le passé et qui est acculé, tout près de disparaître. Le microcosme olmèque ne peut plus vivre mais seulement survivre : c’est un scénario qui pourrait arriver à l’humanité.

Esteban et Zia suivent les pas de leurs pères, ils trouvent un sens à leur vie dans la recherche des Cités d’or. Alors qu’il a une grande importance, le père de Zia nous est finalement peu familier. Celui d’Esteban, le prophète voyageur, est par contre connu par nombre d’indices du plus haut intérêt. Il fut séparé de la femme qu’il aimait, sacrifiée par les siens au dieu Soleil. Après une cruelle mésaventure sur l’océan, où il confia son fils à Mendoza, il se lança avidement en quête de l’absolu. On devine qu’il s’agissait pour lui de sortir de l’affliction engendrée par son péché, et de saisir les principes de ce destin qui fait que la souffrance et l’injustice habitent le monde des hommes. Lorsqu’il découvrit la première Cité d’or, il comprit que le secret qu’elle renfermait n’était pas ce qu’il avait cru tout ce temps : c’est une sagesse merveilleuse, un hymne à la vie, qui présente en même temps un côté obscur, malveillant. Il choisit alors de garder ce secret en tant que Grand Prêtre de la Cité, et il attendit la venue du digne guide de l’humanité. Dans le dernier épisode, avant son acte sublime de sacrifice pour la paix de tous les hommes, il dit à Esteban : « Un fils doit dépasser son père. » Il est donc comparable à Lancelot, qui partit dans une très difficile quête du Graal après son péché avec la reine Guenièvre, et fut finalement autorisé à contempler par l’entrebâillement d’une porte les mystères du Saint Calice et le sacre de son fils Galahad.

Revenons à la cité idéale. Devant ses portes se trouve une bibliothèque grandiose qui possède, selon les dires du Grand Prêtre, au moins un exemplaire de chaque document écrit par les hommes depuis l’invention de l’écriture. Soulignons que cette somme des connaissances humaines demeure à l’extérieur de la Cité, elle est l’apanage du Prêtre. Pour faire comprendre aux deux détenteurs des pendentifs qu’ils ont à prendre une des plus grandes décisions de leur vie, celui-ci narre l’histoire de Mu et de l’Atlantide. Ce qui est une page d’histoire pour les personnages de la série est pour nous une variante du mythe fondamental de l’humanité, variante vraiment humaniste car elle ne fait pas intervenir de dieux, mais seulement des hommes que les récits historiques diviniseront progressivement. Dans la recherche du bonheur, deux empires élevèrent très haut leur science. Mais ils étaient deux et antagonistes, si bien qu’ils utilisèrent la science pour s’entretuer. Une union des opposés à l’échelle de l’humanité a échoué et le conflit a vaincu. Comprenant néanmoins son erreur, l’empereur de Mu décida de cacher dans sept Cités d’or un réacteur nucléaire miniature à l’énergie quasi-inépuisable, résultant des plus brillantes recherches sur la transformation des éléments chimiques qui a lieu au cœur du Soleil : c’est le Grand Héritage qui peut-être assurera le bonheur des peuples futurs, ou peut-être les anéantira à nouveau. Esteban et Zia doivent décider pour toute l’humanité : ouvrir les portes ou les laisser fermées. Bien qu’ayant compris l’enjeu, le pur Esteban se désintéresse de la Cité. Il cède pourtant à la pression des Olmèques qui tiennent son ami Tao en otage. Nous connaissons la suite : les Olmèques déplacent le Grand Héritage de la tour centrale de la Cité à la tour de leur base, située sur le cercle de la science (une sorte de tour de Babel), provoquant la fin du rêve de l’absolu... Et leur propre fin.



La vérité des Cités d’or n’est pas simplement exprimée à chaque fois davantage par le chercheur qui parcourt un à un tous les moments du cercle de la science ; elle est aussi, paradoxalement, l’anéantissement de toute expression. Quelle fut l’erreur de l’empereur de Mu, la faute qui causa la destruction de deux grandes nations ? Ce souverain comprit trop tard que la dernière et absolue union des opposés n’appartenait pas à la science mais à une forme de sagesse différente : il fallait compléter la science par la non-science, c’est-à-dire le retour à la nature, à la simplicité, aux petits bonheurs et malheurs de la vie, le retour aux êtres chers que l’on a abandonnés pour s’enfermer dans les bibliothèques et les laboratoires, le retour à la faiblesse. Dans l’absolu, la puissance sans la faiblesse est condamnée : Ménator ne pouvait pas sauver sa peau. L’empereur de Mu a pris la sage décision de cacher le Grand Héritage à la science, il a fait de cette source de pouvoir quelque chose d’incompréhensible systématiquement et a voulu faire en sorte que seuls des êtres purs hériteraient des clés. Ajoutons que la faiblesse sans la puissance est elle aussi condamnée à périr. Les Cités d’Or ne donnent pas d’exemples d’une telle condamnation, mais partagent cet avis : Viracocha est un dispensateur de science, personne ne gagne sa sympathie en restant aboulique et inconscient. Finalement, dicible et indicible alternent dans le cœur des hommes véritables, crucifiés sur les diagonales du carré des sages.



- - Partie 3 -
Le 06-07-2006 à 20:48:32 par : Ryoga

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