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Georges Lucas et le Japon, un Amour Mutuel - épisode 2
Il y a bien longtemps dans une galaxie lointaine, très lointaine...

George Lucas et le Japon, un amour mutuel

Épisode II : Les Jedis, Les samouraïs d'une autre galaxie




Cliquez sur l'image pour l'agrandir.

Des limbes du passé, son arme noble à la main, surgit le samouraï du nouveau millénaire : Kylo Ren (source : sxeven.art)








Tour à tour cruel et romantique, violent et raffiné, le chevalier nippon, rompu aux arts martiaux, est un personnage fascinant presque fantastique....


Pour écrire l’ensemble de Star Wars, George Lucas s’inspire de nombreux éléments pour créer un univers cohérent. A l’affût de toutes les influences susceptibles de correspondre à sa vision galactique, il est particulièrement sensible au monde oriental.
Un an avant d’écrire la première ligne de La Guerre des Étoiles (qui deviendra le quatrième épisode de la saga Un nouvel Espoir), George Lucas séjourne quelque temps au Japon. Il y découvre une culture étonnante, extrêmement riche, qui lui donne des idées pour son futur projet.
Enivré par le déploiement de couleurs, sa mode, le faste, la fragrance de fleurs et d'aromates qui s'offraient devant lui, l'histoire millénaire du pays et ses Samouraïs retient considérablement son attention.

Les Samouraïs, littéralement « ceux qui servent » ou ceux qui sont « présents », constituent la classe guerrière qui a maintenu une paix précaire dans le Japon féodal des Empereurs et des Shoguns, pendant près de 700 ans.
Initialement une unité de cavaliers archers, recrutée par l'empereur Kanmu pour conquérir des terres des « barbares » Aïnous (un peuple autochtone vivant dans le Nord du Japon, notamment dans l'île d'Hokkaidō, et dans l'extrême Orient de la Russie) à la fin de la période Nara. Dissoute en 792, elle est remplacée par le kondeisei, une milice composée de jeunes cavaliers archers issus de milieux plus aisés.
Ces petits notables exerçaient des charges publiques (la perception des redevances, l’organisation de leur transport vers la capitale, l'entretiens des routes et des bâtiments publics, encadrement des forces de police, organisation/surveillance des cultes et fêtes religieuses, etc.) mais ils étaient aussi des chefs d’exploitation agricole.



Or pendant l'ère Heian, devant l’effacement de l’état impérial et la montée de l’insécurité, due aux luttes multiples contres les indigènes d'Honshu (les Emishi), les bandits et les propriétaires terriens rivaux, cette milice tombe en désuétude au Xe siècle.

« La militarisation de ces notables devient la norme et ils commencèrent à regrouper des hommes d'armes entraînés [tsuwamono], en créant des bandes de guerriers [bushidan] dans le cadre des relations familiales » (Shin'ichi Saeki et Pierre-François Souyri, Samouraïs : du "Dit des Heiké" à l'invention du bushidô, 2017)

C'est ainsi que naquirent les premiers vrais samouraïs, soit des paysans et des artisans qui, en cas de guerre, combattaient sous les ordres d'un seigneur local (daimyô) auxquels ils étaient rattachés, en échange de riz !
Par la suite, certaines familles de samouraïs gagnent en puissance et en influence, parmi lesquelles les Taira et leurs opposants les Minamoto. Appelées à la cour pour assurer la sécurité de l'empereur, ces deux clans prennent progressivement l'ascendant sur le pouvoir impérial au point de le faire disparaître lors de la guerre de Genpei en 1180. Cette victoire de Minamoto marque le début du shogunat, une dictature militaire pendant laquelle les samouraïs ont contrôlé le pays jusqu’à la restauration de Meiji en 1868.
Mis au ban de la société, les survivants se soulèvent une première fois en 1874 mais sont écrasés par l'armée impériale.
Emmenés par Saigo Takamori, samouraï du clan Satsuma, ils périssent dans la Rébellion de Satsuma entrant ainsi dans l'histoire et la légende pour l'éternité.


Samouraï du Clan Satsuma. Photographie de Felice Beato (1868-1869)


Tour à tour cruel et romantique, violent et raffiné, agriculteur et seigneur, vagabond (rônin) ou vassal (hatamoto), guerrier et homme de lettres ou encore artiste, le chevalier nippon, rompu aux arts martiaux, est un personnage fascinant presque fantastique.

Figure ambivalente, l'imagerie populaire du samouraï en retient principalement son aspect vertueux et fait de ce dernier un guerrier loyal et raffiné, un homme d'épée dont la vaillance n'a d'égal que son sens de l'honneur. Des valeurs qui sont encore aujourd'hui à la base du Japon malgré les influences de toutes sortes.
Nourri par cet culture asiatique, et fasciné par le folklore autour de ces anciens guerriers, George Lucas y trouva l'inspiration qui lui manquait pour créer ses personnages et bon nombre de costumes galactiques.







L'habit fait le samouraï...


L'image est vitale dans Star Wars. Tout au long de ses films et séries dérivées, la saga s'est enrichie de photos, dessins préparatoires, story-boards, témoins de l'évolution visuelle et créative d'une galaxie qui n'a toujours pas livré tous ses secrets. Par exemple, la conception esthétique des vaisseaux de la prélogie (dans la chronologie, Star Wars I, II et III donc) s'inspire des illustrations colorées de science-fiction des années 1930, pour évoluer vers des architectures plus abstraites et blanches de la trilogie originale (IV - V - VI).

Le visuel est essentiel dans Star Wars car bourré de symboles jusque dans les costumes.
Pour que d'un coup d'œil on puisse reconnaître les héros de leurs némésis, George Lucas a stylisé deux principes fondamentaux de la philosophie chinoise : le Yin et le Yang (le bien et le mal, l’ordre et le désordre, le blanc et le noir), deux faces à la fois opposées et complémentaires que l’on retrouve dans chaque aspect de la vie.



Ainsi, la couleur claire de la robe Jedi, symbole de leur dénuement et de leur harmonie spirituelle, forment un contraste avec leur version négative les Siths, habillés principalement en noir en accord avec leur philosophie beaucoup plus matérialiste fondée sur le pouvoir.
Il est de même pour les sabres-laser : bleu ou vert pour les Jedis, rouge sang pour les Siths (couleur de la brutalité, de la violence).
Un choix pertinent pour mettre notamment en avant le méchant iconique Dark Vador, dès sa première scène au milieu des stormtroopers aux heaumes en forme de crânes escortant la « Grande Faucheuse » dans le premier volet historique (Un Nouvel Espoir) ou lorsqu'il massacre froidement les pauvres soldats de l’Alliance Rebelle dans Rogue One avec une utilisation de la Force plus sauvage que jamais dans une atmosphère couleur de braise.


(Un Nouvel Espoir)



(Rogue One)


Au style combat bourrin de Vador "Sith-dessus" (bien que d'autres comme Dark Maul (image 4 du carré) adopteront une forme beaucoup plus acrobatique), les Jedis préfèrent une approche plus raffinée !





(Obi-Wan adoptant la forme dite "Soresu", une technique défensive se basant sur la parade-riposte permettant des mouvements rapides et précis, La revanche des Sith & épisode "Au cœur du désert" de Star Wars Rebels (Saison 3))


L'armure ténébreuse du tristement célèbre seigneur Sith est grandement influencée par les tuniques des guerriers samouraïs et notamment son casque.
Celui-ci n'est ni plus ni moins qu'un Kabuto, casque que portait les samouraïs au combat, de style zunari datant de la période Edo (1610 – 1868) légèrement lifté.



Plus exactement pour créer l'effrayant masque du Seigneur Noir des Siths en 1976, l’illustrateur américain Ralph McQuarrie (1929 - 2012) et le sculpteur britannique Brian Muir (1931 - 1983) se sont appuyés sur le kawari kabuto, « le casque de forme étrange » (utilisé principalement pendant les guerres civiles de l'époque Azuchi Momoyama qui s'étend de 1573 à 1603).
En effet, à la fin du XVe siècle, les forgerons japonais devaient être très inventifs afin de réaliser des casques exubérants pour leurs seigneurs, qui les utilisaient dans le but d’être reconnus sur le champs de bataille, mais aussi pour exhiber leur puissance et leurs richesses.
Si Georges Lucas a d’abord pensé puiser dans la culture Touareg, il changera d'avis après avoir consulté les croquis de Ralph McQuarrie, influencés par les cuirasses des samouraïs et, plus spécialement, par le kawari kabuto du seigneur d'Oshu, le « dragon borgne » Date Masamune.



C'est un chef de guerre et explorateur aguerri. Il est la fierté de la ville de Sendai qu'il a amené à la pointe de la modernité la transformant de petit village de pêcheurs en une cité prospère. Un des dernièrs navigateurs avant l'instauration du Sakoku, politique isolationniste japonaise entre 1650 et 1842 instauré par le shogun Iemitsu Tokugawa Sakoku (que l'on retrouve dans le Wano, arc actuel de One Piece).
Masamune a de fait mené plus expéditions entre 1613 et 1620, visitant des pays tels que les Philippines, le Mexique, l'Espagne, la France et l'Italie sur son navire le Date Maru, empreint des techniques de construction navale européenne de l'époque.

Date Masamune est, comme le ténébreux Vador, une icône de la culture pop, figurant dans de nombreux jeux vidéo, adaptés en anime Sengoku Basara (héros du jeu, parmi d'autres figures célèbres de l'époque Sengoku), ainsi que Samurai Warriors (un des personnages principaux), mais également dans les mangas : Samurai Deeper Kyo (dans lequel il est aussi nommé Bontenmaru) ou encore Oda Shinamon Nobunaga.

Son kawari kabuto est très connu au Japon car son ornement central, le « maedate », en forme de croissant de lune le distingue des autres casques de samouraï.


(A droite : Figurine 'Mei Sho' de Dark Vador en version samouraï créée par Bandaï Tamashii en 2014, portant l'emblème de l'Empire en guise d'ornement frontal ( « maedate »))


Accompagnant le Sith, les stormtroopers forment le visage armé de l'Empire !



Davantage reconnus dans la trilogie originale pour leur incapacité à viser, encore moins adroits dans Rebels, les stormtroopers revêtent un plastron blanc d'allure robotique caractéristique et parfois des armures de camouflage pour les aider à se fondre dans différents environnements.
Cette coloration incarne à la fois la solidarité de l'unité et la pureté de leurs actions dans le sens glacial du terme à l'image de leurs casques désincarnés rappelant les stormtroopers nazis.



Pour ce qui concerne les clones de la prélogie ( I - II - III), précédant chronologiquement les stormtroopers, bien que eux-aussi soient généralement en blanc, portent une armure simplifiée qui pourrait avoir été inspirée de celle des samouraïs comme, par exemple, celle des « Diables rouges » (samouraïs du clan de Ii Naomasa), qui la portaient pour être aisément reconnaissable et intimider les ennemis.



L'équipement des soldats de la 501e légion pastiche de façon plus flagrante les « Diables rouges ». Sous les ordres du Chevalier Jedi Anakin Skywalker tout au long de la Guerre des Clones , ils seront responsables de la mort de la plupart des Jedi dans La Revanche des Sith avant d'être incorporés à l'Empire.



On peut relever aussi la forme évasée et aplatie vers l’arrière des casques des soldats impériaux de l’Étoile de la Mort (ou Étoile Noire) rappelant celles des Jingasas. Cette coiffe militaire, qui protégeait les ashigaru (soldats d’infanterie, principalement constituées de paysans, du Japon médiéval) pendant les batailles, était également portée comme coiffe quotidienne en période de paix par les Samouraïs.



Estampe de l'époque d'Edo d'ashigaru portant des mino (capes) et des jingasa sous la pluie, tout en faisant feu avec leurs tanegashima (fusils à mèche japonais).


(Figurine Yumi Ashigaru Stormtrooper par Bandaï)


Au delà des adeptes du côté obscur, incarné par Vador et ses sbires, les Jedis prennent eux leurs marques dans la culture cinématographique nippone.



Le terme Jedi – qui désigne les chevaliers du côté lumineux de la Force – est dérivé du jidai-geki, genre cinématographique japonais désignant les productions historiques chevaleresques se déroulant avant l’ère Meiji (avant 1868). C'est une sorte d’équivalent de nos films de « Cape et Épée ». Traditionnellement, le terme désigne un « théâtre historique » par opposition au « Gendai-geki », le « théâtre contemporain ».
La Forteresse cachée de Akira Kurosawa, film fétiche de George Lucas (que nous avons évoqué dans l'épisode précédent) appartient à cette catégorie.
Bien que la postlogie (épisodes VII - VIII - IX), non dirigée par George Lucas, a perdu de vue ses origines jidai-geki, Les derniers Jedi (Rian Johnson, 2017) fait explicitement référence au film Rashômon (Akira Kurosawa, 1950) .



Lors d'une séquence, Luke Skywalker s'apprête à assassiner Ben Solo (futur Kylo Ren) dans son sommeil, avant de renoncer. Plus tard, nous apprenons que Ben a détruit le temple Jedi de Luke croyant que son oncle allait le tuer à ce moment-là. Cette technique narrative dans laquelle le même point de l'intrigue est raconté à plusieurs reprises sous différents angles, modifiant et informant ainsi l'interprétation des événements, est appelée la technique Rashômon d'après le film éponyme de type jidai-geki, de Kurosawa.

Bande annonce de « Rashômon »



Les Jedis sont grandement inspirés par les guerriers samouraïs japonais et également par les moines Shaolin qui avaient un code d'honneur proche du samouraï Bushidô : une éthique de maintien de la paix et un instinct de protection de la vie.
Les valeurs du bushidô, reprises par les Jedis, sont illustrées dans les films d'Akira Kurosawa telles que Kagemusha, l’ombre du guerrier (1980) ou Ran (1985).

Ces garants de la paix s'entraînent effectivement durement toute leur vie pour atteindre la maîtrise, tout en vivant selon un code moral et guerrier strict.
L'attachement et la possession leur sont proscrits, l'Ordre Jedi vit dans le dénuement matériel, la République Galactique (avant sa chute dans l'épisode III) assurant la nourriture, les vêtements et le logement.
Ce mode de vie rappelle aussi l'ordre militaire monastique des Templiers. Comme les Jedis, les Templiers pratiquaient l'austérité, la chasteté et l'obéissance.
Les vêtements Jedi ressemblent aux kimonos portés par les samouraïs tandis que leurs capes à capuchon rappellent les robes blanches à capuchon de ces moines guerriers.
Et tout comme la Purge Jedi ordonnée par Palpatine dans La Revanche des Sith , les Templiers ont été anéantis par le roi de France Philippe IV le Bel (1268 - 1314).



De la même façon que les samouraïs portent un katana ou un tantô placé à la ceinture, les Jedis y portent leur sabre laser.
On peut se demander dans les derniers épisodes (postlogie) si cette influence ne se retrouve pas également dans la longue arme utilisée par Rey inspirée par les lances japonaises, yari ou naginata.


(Rey dans Le réveil de la Force)




Dans ces films estampillés jidai-geki, comme dans Star Wars, le héros est un guerrier solitaire (souvent un rônin), sans attache (Anakin, Luke, Rey ont perdu leur famille), mu par un code d’honneur aux règles strictes (le bushidô d’un côté, le code Jedi de l’autre), muni d’une longue épée légère et maniable (le katana d’un côté, le sabre laser de l’autre), portant des vêtements légers (la toge Jedi, notamment celle d’Obi-Wan, étant directement inspirée du kimono), et dont la maîtrise de soi est la principale vertu : le « Bushidô » ou la voie du sabre pour tous ceux pratiquant le kendô.







Le Kendô de maître Lucas...





(Obi-Wan vs Dark Maul, carton : La menace fantôme)


« La Force, qui donne au Chevalier Jedi son pouvoir. C'est une sorte de fluide créé par tout être vivant, une énergie qui entoure et nous pénètre, et qui maintient la galaxie en un tout unique. »
Obi-Wan, Un Nouvel Espoir

« L'œil ne voit que la surface des choses, ne t'y fie pas ! »
Obi-Wan, Un Nouvel Espoir

« La peur mène à la colère. La colère à la haine. La haine à la souffrance »
Yoda, L'Empire Contre-attaque

« Je ne peux rien lui apprendre, cet enfant n'a aucune patience »
Yoda, L'Empire Contre-attaque

« Toutes ces croyances à la noix et ces armes démodées, ça ne vaut pas un bon pistolaser au côté ! »
Han Solo, Un Nouvel Espoir

George Lucas, amateur du cinéma japonais et admirateur des réalisation de Kurosawa Akira, a donné une nouvelle et puissante impulsion à l'image d'Épinal (gravure à usage populaire, de style assez naïf, dont Épinal a été l'un des principaux centres de fabrication) d'une « chevalerie japonaise » , celle du samouraï respectueux des valeurs modernisées du « Bushidô », fondement éthique des arts martiaux contemporains et du kendô.

En effet, les combats au sabre laser dans la saga ont été influencés par l'art martial du kendô, un art martial japonais qui consiste à se battre avec des épées en bambou. Star Wars comprend de nombreux combats, positions et frappes de style kendo. Mark Hamill, alias Luke Skywalker, a même vécu au Japon pendant ses deux dernières années du lycée en prenant des cours de kendo.

Se rapprochant de l’escrime, le Kendô est un art martial japonais qui se base sur différents principes. Cette discipline tire son fondement de l’unité entre le sabre, le corps et l’esprit : « ki ken tai no itchi ». Si le KI désigne l’énergie et la détermination du combattant lors des compétitions, le KEN présente le coup porté par le sabre sur les différentes parties du corps de l’adversaire et protégées par l’armure.



Cette énergie se manifeste par un cri poussé par le combattant à chaque fois qu’il porte des coups. Le TAI, représente l’engagement que le corps prend au moment de l’attaque. Cela se manifeste par les frappes du pied au sol exécutées en même temps que la frappe.

En Kendo, le combattant doit garder la bonne posture, doit porter ses coups avec détermination sur les parties valables tout en restant vigilant après avoir frappé son adversaire. Ces points doivent être réunis pour que le coup soit valable, et les jurys veillent à leur respect au moment des compétitions.

Dans la filmographie les combats au sabre-laser sont finement chorégraphiés, esthétiquement soignés et spectaculaires se situant à des années-lumière des affrontements sanglants du Japon féodal : ce sont des duels du monde du divertissement, hérités des films de capes et d’épées occidentaux et japonais (« chanbara », han-chan bara-bara qui désigne le bruit de la lame tranchant la chair, assimilé à un sous-genre du « jidai-geki ») et de l’escrime de cinéma (ou tate, qui se prononce « taté »).



(Du kendo à Star Wars, l'évolution du sabre laser et les entraînements des acteurs dans les divers épisodes de la saga)


Rémy Valat, historien et amoureux des arts martiaux, a mené une étude qui revient sur l'influence de la culture asiatique dans la galaxie Star Wars : Le Kendô de maître Obi-Wan (2017).
D'après cet essai, au Japon, le déclin et la disparition soudaine de la classe des samouraïs a ouvert la voie à une sportivisation et à la spectacularisation des arts guerriers, et sans ce processus, les arts martiaux modernes n’auraient certainement pas pu voir le jour.

Le « lightsaber-tate », comme le qualifie l’auteur en référence à l’escrime japonaise de spectacle, se situe dans la continuité de cette évolution. Des passerelles ont toujours existé entre divertissement et techniques (supposées) réelles de combat. À telle enseigne que le chanbara a glissé du divertissement filmique vers un sport de type martial éponyme, créé au Japon en 1971, sans oublier les écoles d’escrime cinématographique.

Même si les duels de sabre-laser s’apparentent plus sur la forme à ces catégories de sports de combat ou récréatifs, George Lucas aime à dire que l’escrime des Jedi prend principalement pour modèle le kendô, un art martial moderne dérivé du kenjutsu, l’escrime traditionnelle de la période des samouraïs.

Il est vrai que le second duel (le premier dans l'ordre de production filmique) opposant Dark Vador à Obi-Wan Kenobi dans Un Nouvel Espoir revêt (si on le compare aux autres face-à-face de la filmographie) une dimension autre que cinématographique.
Le combat frontal, quasi privé de fluidité et d’une sobriété esthétique (armure ou amplitude des vêtements et formes épurées des sabres) s’inspire nettement du kendô.
Ce duel est l'exact opposé de leur bouillant face-à-face dans La Revanche des Sith.









(tirée du recueil animé Star Wars : Galaxie d'aventures)


Plus de 40 ans après la sortie de Star Wars : Un Nouvel Espoir, une bande de fans, quelque peu frustrée par le côté plan-plans des scènes d'action, comparé aux autres volets de la franchise, a choisi tout bonnement de recréer ce face à face mythique entre le maître Jedi et le seigneur Sith, mais en s'inspirant cette fois de ce que la saga nous a offert de mieux en terme de combat au sabre laser. Intitulée Star Wars SC 38 Reimagined (SC 38 étant le nom technique de la scène durant le tournage) la vidéo fraîchement mise en ligne sur Youtube est pour le moins impressionnante ! En plus de nous proposer un combat bien plus brutal et d'avoir parfaitement intégré cette scène fan-made au sein du film, les réalisateur de la séquence ont été jusqu'à coller le visage de Alec Guiness (l'interprète original de Obi-Wan) sur celui de leur acteur en utilisant la technologie Deep Fake : DARK VADOR VS OBI-WAN VF (SC Reimagined FXitinPost)

D'autres, en revanche, des étudiants de la New York Film Academy (école de cinéma et d'art dramatique basée à New York) ont démontré qu'on pouvait très bien aligner l'art du kendô à l'ambiance frénétique de Star Wars et ainsi offrir des affrontement d'aussi bonne (voire meilleure) qualité : New York Film Academy Presents "Kendo Wars" !



Le kendô est une forme régulée des arts martiaux, centrée sur l’essence et l’interprétation moderne de l’esprit des samouraïs. Tel qu’il fût pratiqué par les anciens maîtres, cet art ne laissait aucune place à la superfluité et se concentrait sur la maîtrise du « ki » (cette énergie qui a en partie inspiré la célèbre « Force » des jedis) . Ce duel de maître à maître, Vador contre Obi-Wan est probablement de toute la saga le plus respectueux de l’esprit du budô.

Tout au long de la saga, la technique au sabre-laser inspirée du kendô s'est affinée et le fan dévoué en dénombre au moins « 7 formes de combat » ; chacune avec ses propres styles, avantages et inconvénients.
Jedi & Sith utilisent ces différents styles. Cela peut être comparé aux différentes écoles d'escrime dans lesquelles les samouraïs s'entraîneraient, chaque guerrier apprenant un style distinct d'escrime en fonction de l'école dans laquelle il s'entraînait.

Les noms mêmes des « formes de sabre laser » susmentionnées sonnent même souvent distinctement japonais, car les mots sont le plus souvent construits dans le modèle voyelle - consonne de la langue japonaise.
Par exemple : Forme I - "Shii-Cho", Forme II - "Makashi", Formulaire III - "Soresu". Le mot "makashi" (負かし) est en fait un verbe japonais, signifiant « vaincre ».
On a l'impression que George Lucas et sa suite ont nommé leurs techniques en piochant dans le dictionnaire japonais.
La forme "Soresu" (qu'on a mentionnée plus tôt), basée sur la défense, qui permet au Jedi de contrer les tirs de blaster, fait directement penser aux vieux films de samouraïs déviant les shurikens du bout de leurs lames.


(Qui-Gon Jinn & Obi-Wan versus Droïdes, La Menace Fantôme)


(Mace Windu, Épisode II : L'Attaque des Clones)


Pour connaître les particularités de l'ensemble de ces techniques, on vous conseille chaudement cet article de blog, son auteur décrivant gifs à l'appui (tirés des films et séries animées) la philosophie et les tenants de chacune d'elles.
Non détaillée dans ce blog, la Forme I : "Shii-Cho" du sabre laser est la plus proche de la pratique du sabre japonais (kendô).
Il existe effectivement des similitudes dans la forme de corps et la tenue de l'arme.



Ne s'improvise pas Luke Skywalker, Dark Vador ou Obi-Wan Kenobi qui veut !
Tout fan de Star Wars, et de science-fiction en général, a un jour rêvé secrètement de pouvoir manier en vrai le fameux sabre laser emblématique de la saga dans des combats réels impliquant de faire preuve de patience, de force et de ténacité.
C'est pourquoi, des Académies du sabre-laser ont vu le jour en 2014 avec la fondation en Angleterre de la LudoSport Light Saber Combat Academy, une école de sport récréatif pour tous les apprentis Jedi, bien que le modèle ait été importé des États-Unis.
Depuis, plusieurs écoles de jeunes Jedis se multiplient un peu partout dans le monde.
Même l'escrime à la française, pourtant réputée pour son conservatisme, a officiellement accueilli en 2017 (et adoubé en mai 2018) les adeptes du sabre laser dans les salles d’armes de France à l'occasion de la sortie du huitième opus de la saga.



Héros mythifiés, presque divinisés, les guerriers japonais restent en effet une source inépuisable d’imagination et d’admiration pour les rêveurs du monde entier.
Si cette autre galaxie est surtout dominée par ces « samouraïs de l'espace », certaines héroïnes sont elles-aussi de véritables combattantes !
Capables d'occuper des fonctions de reine comme de chef, nous sortirons de l'anonymat dans le prochain épisode ces femmes-samouraïs qui, dans leurs parcours, tenteront de sauver la galaxie !

N.B. :
Si vous êtes, comme votre serviteur, passionné d'histoire et notamment celle des samouraïs (dont on vous a présenté un bref aperçu) et de leurs mœurs, nous vous conseillons cet article très complet : Histoire du samouraï – 15 choses que vous devriez savoir sur les guerriers japonais

A suivre, dans le prochain épisode :
De la princesse Leïa à Rey, l'évolution de la femme-samouraï (onna-bugeisha)


Retrouvez tous les épisodes de cette série : George Lucas et le Japon, un amour mutuel
> Épisode I : Aux origines de Star Wars, un duo mythique
> Épisode II : Les Jedis, Les samouraïs d'une autre galaxie
> Épisode III : De la princesse Leïa à Rey, l'évolution de la femme-samouraï (onna-bugeisha) : 1re partie
> Épisode IV : De la princesse Leïa à Rey, l'évolution de la femme-samouraï (onna-bugeisha) : 2ème partie
> Épisode V : Le Bushidô de maître Yoda : 1ère partie
> Épisode VI : Le Bushidô de maître Yoda : 2ème partie

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Le 31-07-2021 à 14:55:54 par : Bubu (Rédaction), Matchoss (Correction et publication)

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