------------- Critique 1 -------------
Malaisé, dès lors, pour le spectateur, de se retrouver dans cet univers futuriste. D'autant qu'après une demi-heure, la ténébreuse enquête le plonge dans un abîme d'incompréhension, comparable à celui d'un collégien devant l'examen d'un étudiant de math sup. Tant d'ostentation abstruse empêche de pleinement s'extasier devant cette suite longtemps attendue de Ghost in the Shell, par ailleurs brillantissime dans le développement de sa thématique. Car c'est très subtilement qu'Innocence pointe du doigt les dérives technologiques et montre la crise spirituelle qu'elles engendrent. D'un pessimisme indécrottable, son auteur évoque une société en voie de déshumanisation où même les robots se font harakiri. Et puis, entre deux citations philosophiques de Descartes ou de Milton, il nous balance un fulgurant gunfight façon John Woo. Car il a avant tout conçu son hermétique rébus comme un spectacle plastique sensoriel, mélangeant la 3D (pour les décors d'une envoûtante somptuosité) et la 2D, dont l'aspect rudimentaire souligne l'absence d'âme des héros. Plus qu'une œuvre de cinéma, cet animé est un songe éveillé. Il navigue sans cesse entre le réel et le virtuel, et dégage une puissance hypnotique qui laissera une trace indélébile au fin fond de notre encéphale.
Passez outre l'intrigue incompréhensible et plongez dans ce film d'animation dont la splendeur visuelle et la réflexion sur la déshumanisation de notre société donnent le vertige.
-Gogeta-
------------- Critique 2 -------------
Enfin une suite ! On pourrait penser qu'il s'agit là d'une de ces suites purement commerciales et dont l'intérêt se limite à celui des producteurs. À vrai dire, l'intérêt de Ghost in the Shell 2 ne se limite fort heureusement pas qu'à cela.
Un grand auteur de cyberpunk, Masamune Shirow, un grand réalisateur estampillé science-fiction, Mamoru Oshii : le binôme du premier film est donc réuni à nouveau dans cet opus. Mais ont-ils encore des choses à dire pour en faire un second film ? Voilà la question.
La question semble peut-être cruelle, mais elle n'en est pas moins importante, tant GITS fait parler de lui à travers plusieurs supports : manga, animé et bien sûr cinéma. GITS existe partout.
Eh bien, rassurez-vous, Innocence est un pur bijou d'animation, beaucoup plus abordable que le premier film, et j'y vois là le principal point positif. En effet, le thème existentiel de la place de l'homme et de son identité dans une société robotisée n'est pas franchement un thème fédérateur. Alors que GITS pêchait par une certaine forme de complexité narrative, Innocence brille par son approche plus populaire de la chose. Ce film nous prouve qu'on peut parler de science-fiction intelligemment sans utiliser de jargon informatique poussé et de références ultra-spécialisées. Bref, nul besoin d'aller chercher des explications du film sur le Web ou en presse pour le comprendre, tout à chacun est capable de le saisir, de l'analyser, et c'est tant mieux.
Trois raisons d'aller le voir : c'est beau, c'est intelligent, c'est accessible (une quatrième raison serait le basset de Batou, petit animal dont la beauté n'échappera certainement pas aux amateurs de chiens).
-GohanSSJ-
------------- Critique 3 -------------
Une belle claque, en tous cas visuellement, parce que niveau scénario, c'est toujours autant barré : Mamoru Oshii est parvenu à donner une âme aux images de synthèse, et ça, ça change radicalement du premier GITS (voire des Patlabor aussi…) qui se voulait foncièrement réaliste dans la plupart des scènes et y réussissait très bien. Pour cette suite, l'accent est mis sur le style et c'est plus que bienvenu : c'est là qu'on voit les qualités de chef d'orchestre d'un réalisateur, qui parvient à combiner des technologies et des écoles artistiques radicalement différentes sans pour autant choquer le spectateur, ou en tous cas pas trop… Seul bémol, mais je crois qu'il faudra en prendre l'habitude : les incrustations des personnages sur les décors 3D jurent un peu, ce qui est très difficile, voire carrément impossible à contourner, du moins tant que l'animation 3D ne permettra pas d'animer des personnages de manière réellement fluide et surtout plastique.
Côté histoire, légère déception : comme pour le premier opus, c'est avant tout une enquête policière futuriste saupoudrée ici et là de citations et de pseudo-réflexions métaphysiques, parfois un poil niaises et légèrement tirées par les cheveux. D'autant plus que la plupart sont tirées de Confucius ou de Descartes, ce qui n'est pas vraiment ce qui se fait de plus contemporain ou en tous cas actuel : pour un genre (le cyberpunk) qui se veut (voulait ?) résolument avant-gardiste et novateur, ça la fout un peu mal… Mais c'est vrai que le mouvement cyberpunk a eu son heure de gloire il y a bien longtemps, avant qu'il ne soit repris par les commerçants pour faire du chiffre d'affaires sur le dos des rebelles : on pourrait presque dire que Mamoru Oshii se moque du système qu'il utilise en pointant du doigt son absence d'une réelle pertinence ou même d'une simple originalité intellectuelle.
En somme, c'est plus un GITS retravaillé qu'une mise à jour bête et conne, qu'une réelle séquelle développant vraiment un thème ou une histoire. Mais une mise à jour redoutablement bien faite tout de même : à voir !
-Guilhem- |
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