Lui croit aux extraterrestres, elle croit aux esprits. Pour mettre un terme à leur débat, ils se lancent un pari. Ken se rendra dans un vieux tunnel hanté et Momo se rendra dans un vieil hôpital, lieu connu d’enlèvement. Chacun bien décidé à prouver à l’autre que ses croyances sont farfelues. Malheureusement, il s’avère que les aliens et les fantômes existent et qu’ils ne sont pas très amicaux. Les folles aventures de notre duo de choc sont lancées!
-Matchoss-
Critiques
Avec une dizaine d’adaptation en anime cette année pour la plateforme de prépublication numérique Jump+, celle-ci est devenue une véritable machine à adaptation. Ceci reflète la stratégie marketing de la Shueisha pour son virage vers le numérique : sortir un maximum d’anime pour faire la promo de leur série et de leur plateforme et cela quelque soit le genre ou la popularité de la série. Cela va de la modeste comédie Red Cat Ramen cet été au titan Kaiju n°8, un des nouveaux blockbusters du manga aux moyens marketing impressionnants. Avec Spy X Family, ce dernier fait partie des plus gros succès de l’éditeur numérique auxquels il faut ajouter la série qui nous réunit aujourd’hui : Dandadan.
La première difficulté avec Dandadan, c’est que c'est un manga un peu difficile à expliquer ou à placer dans une case. Elle a un petit air de séries indés qui joue avec les genres et ne s’enferme pas dans un style de récit. Déjà, si on lit le synopsis, on voit que ça nous parle de surnaturel avec des Esprits et des Aliens. Mais, c’est aussi un anime de romance lycéenne avec beaucoup d’action et d’aventure parsemée de drame, de comédie, de tranches de vie et d’absurde. La liste peut continuer longtemps si on regarde du côté du manga avec un petit détour par le mécha, les Idol, le musical, la guerre, l’horreur ou la fantasy entre autres.
C’est un mélange qui peut facilement perdre le spectateur au sortir des premiers épisodes. On pense partir sur une série action, puis on se retrouve dans de la romance ou du drame. Nous n’avons pas un fil directeur clair, ça part un peu dans tous les sens pour ne pas dire en couilles (dorées). L’anime vient de plus un peu amplifier ce sentiment avec le déroulé très épisodique de la série.
Mais c’est aussi une force de la série en ce qui me concerne. C’est l’inconnu, tout peut arriver. Il suffit de se laisser porter et de se faire entraîner. Nos protagonistes subissent plus l’histoire qu’ils n’en sont les moteurs. Mais c’est un plaisir de les voir réagir aux différentes situations chaotiques qu’ils rencontrent.
En fait, j’aurais peut-être dû commencer par ça, parler des personnages. Il y a une petite théorie que j’aime bien sur la série, c’est de la voir comme un shonen avec un protagoniste féminin. On dirait un blasphème pour l’univers du shonen, mais Momo Ayase est clairement ce personnage badass de héros au caractère bien trempé qui résout les problèmes et surmonte les difficultés en développant ses pouvoirs. En parallèle, le personnage de Ken Takakura ou Okarun pour les intimes a plus une fonction support pour moi. On nous le portrait comme un héros. Mais ce n’est pas lui qui prend les décisions, il est tout timide et isolé et littéralement émasculé. Même sa version transformée n’a aucune motivation pour ce qu’il se passe et agit à la demande de Momo qui doit même par moment contrôler ses virages quand il est lancé à pleine vitesse. C’est elle qui le fait sortir de sa solitude et qui le mène par le bout du nez. Il est là pour soutenir sa première amie et c’est très bien comme rôle. Puis bon, on est à la recherche de ses bijoux de famille et c’est la mission de Momo de les retrouver avec ses pouvoirs.
Leur duo donne lieu à de beaux moments de comédies, des dialogues vifs et fleuris et des situations absurdes mais aussi attendrissantes. L’évolution de leur relation est l’un des points forts du manga. Ils s’engueulent, mais s’écoutent, cherchent la compagnie de l’autre, ont des difficultés à mettre des mots sur leur sentiment envers l’autre. Bref, ils évoluent en apprenant à se connaître l’un l’autre et ça se fait tout naturellement en apprenant à communiquer.
Les personnages secondaires ne sont pas en reste non plus. Contrairement à une des tendances du Shonen, on a un casting plutôt resserré qui nous laisse donc le temps de s’y intéresser, de les voir interagir et donc de s’y attacher. L’humour et la comédie sont souvent le point de départ de leur relation, ça se parle mal, ça se fait des crasses. On a une mascotte maléfique intenable, une grand-mère vaniteuse qui n’en fait qu’à sa tête mais qu’est super badass, de nouveaux compagnons bien barrés, des aliens qui ne comprennent pas grand-chose à l’humanité et des fantômes qui finissent par devenir attendrissants.
Ce sont les personnages qui tiennent la série ensemble malgré les grands écarts dans l’histoire et les genres qu’elle aborde. C’est particulièrement appréciable de les voir se réunir devant un repas en fin d’arc (et de bouffer une version du monstre de la semaine).
La seconde difficulté avec Dandadan, c’est son côté potache. Déjà, la quête principale de nos héros est de retrouver les deux boules dorées enlevées à Okarun. Puis,c’est une série qui nous parle d’alien, ceux qu’on voyait dans les fictions des années 80-90 avec leurs enlèvements et leurs expériences sur les humains et particulièrement sur les jeunes femmes. Du coup, la série met en scène plusieurs passages d’agressions à caractère sexuelle. Il y aussi le monde entier qui en a après les parties intimes d’Okarun. Bref, pas mal de situations tournent autour des thèmes liés à la sexualité. Mais, il y a un côté assez décalé voire parodique dans ces scènes avec, par exemple, les aliens qui ne comprennent pas grand chose à notre anatomie. L’humour est là pour désamorcer la plupart des situations quand elle met en scène nos protagonistes. C’est un peu les épreuves pour notre héroïne de shonen et montrer qu’elle peut s’en sortir seule et surmonter les menaces. Personnellement, je n’y vois pas grand chose d’érotique ou de voyeur, mais ça s’entend aussi suivant les sensibilité.
En revanche, lorsque cela concerne des Esprits qui ont subi des agressions, l'œuvre est assez crue et plus viscérale afin de faire appel à notre empathie envers les victimes. J’ai l’impression que ce sont des passages un peu plus marqués en anime que dans le manga où l’on ne s’attarde pas vraiment dessus pour rester dans une certaine légèreté. Je pense au fameux épisode 7 qui a fait beaucoup parler et qui allonge le passage du manga pour appuyer à fond sur l’émotion et le drame. Cela donne un épisode qui tranche avec le reste de la série.
Il est peut-être temps de commencer à parler adaptation du coup. Il fallait un studio et une équipe capable de travailler sur une série qui navigue dans les genres, qui est dynamique dans son déroulé, qui a des dialogues rythmés et qui fait la part belle à des moments badass avec ses magnifiques double page. Honnêtement, Science Saru était en haut de ma liste. Il fallait un peu de folie et donner une identité forte à la série. Je trouve qu’ils s’en sont très bien sorti. On retrouve l’ambiance déjantée du manga. On a le droit à un beau spectacle au niveau de l’animation en particulier pour les passages comiques où le mouvement aide beaucoup. Les scènes d'action sont aussi de qualité. Je pense notamment aux premiers épisodes avec ce travail des couleurs remarquables qui s’affrontent suivant les personnages présent, le rouge pour Mémé Turbo, le vert pour Momo, le bleu et les aliens… Bref, ça pète et ça a du sens à l’écran. On perd un petit peu cet aspect par la suite. Cela vient probablement de la production vu le nombre d'animateurs et de réalisateurs d’épisode différents sur le projet. Je pense à l’épisode de Nessy, où ils ont voulu rejouer avec les couleurs, mais là ça dégueule. On a du vert, du jaune partout, mais ça distrait plus que ça n’apporte quelque chose à la réalisation. Bref, tout n’est pas rose, on a des épisodes avec des styles qui diffèrent aussi dans la forme même si on reste sur de la belle animation dans l’ensemble. C’est une des productions qui se démarque cette année sur ce point.
Un autre aspect qu’il me semble important d’aborder, c’est la direction artistique. Le manga tire une grande partie de sa force dans ses dessins détaillés et efficaces avec un bon sens de la mise en scène. On en prend plein la vue. Ce n’est pas trop le cas avec l’anime. On a bien des couleurs dans tous les sens aussi criardes que les couvertures des tomes du manga, mais je ne retrouve pas trop la beauté du manga. Et ce n’est pas si grave, c’est une adaptation. Science Saru a choisi de s’appuyer sur sa force : le mouvement. Et au final, on en prend plein la vue aussi et c’est ce qui est demandé.
Au niveau musique, Kensuke Ushio montre encore qu’il sait y faire. Il nous sort une OST très diversifiée. Sa grande force se voit particulièrement sur les scènes émotionnelles ou il sait activer la corde sensible mais aussi au niveau de l’action où il nous propose un peu de folie avec sa réinterprétation de l’Ouverture de Guillaume Tell qu’on voyait dans les cartoons. Je suis un peu moins fan de son travail sur les parties comiques, mais c’est pas bien important.
Si on veut parler de l’opening, visuellement, je le trouve très bien. Il se démarque des standards. J’ai un peu plus de mal avec la musique qui essaie aussi d’être un mélange des genres comme la série, mais je ne suis pas totalement convaincu. Par contre, l’ending, j’apprécie énormément la musique et la reprise des petites aventures de la mascotte au début des chapitres du manga pour l’illustrer était une très bonne idée pour faire un clin d'œil aux fans.
Du côté du doublage, on a le droit à du très bon travail. Les personnages sont dynamiques et très vivants, les réparties sont rapides et donnent de l’épaisseur aux personnages. Le personnage de Jiji qui est un peu exubérant arrive à trouver un équilibre grâce au doublage pour ne pas devenir lourdingue. Concernant le doublage français, les quelques extraits que j‘ai vu passer de la version d’ADN me donnent envie de tester. Il y a eu un bon travail d’adaptation a priori.
Pour finir, un petit point noir pas trop méchant : la série s’achève de façon abrupte et peu satisfaisante. La suite était déjà prévue et annoncée pour l’an prochain mais c’est un peu random comme conclusion. C’est le moment d’aller lire le manga et de rejoindre le culte de la sortie des chapitres sur la plateforme du Jump+.
En conclusion, j’ai trouvé que l’adaptation de ce manga OVNI est réussie. Il y avait quelques challenges à relever. On retrouve l’ambiance du manga, on nous propose en plus une jolie expérience visuelle, les personnages prennent vie. Un bon petit plaisir pour les fans. Les épisodes sont un peu inégaux, mais c’est aussi l’esprit du manga d’être un peu chaotique.
-Matchoss-
Note de la rédaction
Dès le 3 octobre 2024 au Japon et en France ( VF disponible)