Dans les années 1970, le super espion Richard Dragon sollicite l'aide du richissime Bruce Wayne, son condisciple d'entraînement à l'époque où tous deux étudiaient les arts martiaux au sanctuaire de Nanda Parbat sous la direction du vieux sage O-Sensei. Or, depuis la mort de leur sensei, ils ont pris des chemins différents. Malheureusement aujourd'hui le secret de leur temple, la porte maudite, reliant le passage entre la Terre et le monde démoniaque du dieu serpent a été dérobée par Kobra, une secte de fanatiques. Celle-ci est à la recherche de la lame briseuse d'âmes, seule clé qui peut ouvrir la porte maudite, détenue par Shiva, ancienne étudiante de Nanda Parbat et cheffe impitoyable du crime organisé à Chinatown dans Gotham...
-Bubu-
Critiques
Quand Bruce Lee vole la vedette à Batman !
Son nom est ̶B̶o̶n̶d̶ DRAGON. RICHARD DRAGON, sensei du kung-fu créé par le duo O'Neil & Berry, inspiré du regretté Bruce Lee (cf. NDLR).
Si vous être des fans hardcore du Chevalier Noir, vous risquez d'être fortement désappointés car celui-ci n'occupe qu'un rôle presque secondaire à l'instar de Batman : Assaut sur Arkham ou Justice League Dark (il faut bien vendre un titre). La vraie star c'est Richard Dragon et ce long métrage puise son inspiration dans ses aventures.
Dépourvu de pouvoirs, Richard Dragon le Jame Bond chinois force le respect en triomphant de ses ennemis grâce à sa brillante maîtrise de son art martial. Une manière de rappeler que l’univers fantastique de DC Comics est parfois mis entre parenthèses, pour mettre l’accent sur une forme essentielle de combat : le corps-à-corps.
C'est justement le propos de ce film, de l'action, un rythme effréné et très peu de longueurs.
Le revers de la médaille la psychologie des personnages manque de profondeur. On évite heureusement l'écueil de simples bourrins qui trucident à tout va et balançant des blagues. Il y en a un dans l'équipe des héros (Bronze Tiger) qui se veut le comique de service mais qui possède néanmoins son capital sympathie par sa quête de rédemption. Shiva est quant à elle la kunoichi qui tranche froidement dans le lard ! Pour les amateurs d'action, faut avouer qu'elle pète la classe (cf. la séquence où elle démonte un gars juste avec UN SEUL DOIGT !) mais elle a peu de personnalité.
Le focus est mis surtout sur Richard et Bruce Wayne.
Pour revenir au cas de Bruce Wayne, qui mettra très peu son costume d'Halloween (et encore c'est à la demande de ses potes !), c'est un Batman effacé et débutant ayant du mal à concilier sa quête de justice et sa vie personnelle qui nous est exposé. Si la piste du poids du fardeau de la cape et de son insatiable soif de vengeance est effleurée, il est dommageable qu'elle ne soit pas plus exploitée car elle permettait de montrer le justicier sous un nouveau jour, loin du héros tel qu'on le connaît. Au lieu de ça le film le traite presque comme un suiveur servant les intérêts du scénario qui se termine sur un sacrifice collectif qui se la veut cool mais pas forcément utile, appelant à une potentielle suite.
En ce qui concerne Richard, si ces origines ne sont pas dévoilées, il est l'archétype du héros mystérieux, léger, charmeur, honorable, drôle, une parodie de Chuck Norris et pastiche de James Bond. D'ailleurs, la scène d'ouverture du film est clairement un hommage à 007 !
Si on retrouve quelques poncifs du genre super-héroïque, avec une équipe de héros qui doit sauver le monde de la menace d'un gros vilain pas beau qui veut le détruire. L'aventure qui nous est offerte est davantage humaine : réparer les erreurs du passé. Pour cela, le film est ponctué de nombreux flash-back destinés à étoffer les relations entre personnages. Cela dit, il n'y a pas de véritable esprit de camaraderie et leur lien paraît très artificiel.
Paradoxalement l'ambiance sonore transpire la nostalgie disco, glamour des années 1970 et des films d'époque comme Opération Dragon, les Diamants sont éternels ou Le flic de Beverly Hills. Sur ce point-là, dépaysement et immersion assurés !
Question animation, on est loin du dynamisme de Batman Ninja mais cela demeure honorable pour Warner.
Bilan :
Batman : Soul of The Dragon est un divertissement pas forcément génial mais amusant qui s'en sort tout de même mieux que certains films plats de la collection DC Universe Animated Original Movies (en particulier ceux de la continuité New 52) de par son originalité (son amour des Seventies) et sa fraîcheur qui ne se borne pas à un film d'arts martiaux et d'humour potache comme l'a été Batman & les Tortues Ninjas.
Ajoutons à son crédit son ambiance assez peu super-héroïque et son vibrant hommage à Bruce Lee et à la mémoire de Dennis O'Neil (célèbre auteur de comics décédé en 2020). Un film d’arts martiaux kitsch et violent (déconseillé aux moins de dix ans) qui saura charmer les amateurs du genre.
-Bubu-
Note de la rédaction
Bande annonce
• Dédié à la mémoire de Dennis O'Neil (célèbre auteur de comics, qui a notamment travaillé sur Green Lantern, Green Arrow, Batman, The Shadow et The Question) décédé en 2020, ce long métrage uchronique s'inspire librement du comics qui met en avant Richard Dragon, le sensei du kung-fu. Symbolisant l’engouement des occidentaux pour le kung-fu, dans les années 1970, ce maître des arts martiaux voit le jour au sein des pages du Dragon's Fists de 1974. Un album devenu objet de collection pour les inconditionnels de Dennis O'Neil , dont le scénario est illustré par une autre pointure de la BD, Jim Berry.
• Le personnage tire son inspiration du regretté Bruce Lee, emporté par une foudroyante rupture d'anévrisme à l'été 1973. Son ultime film Opération Dragon, sorti à titre posthume, est considéré comme son chef-d’œuvre.
• Le sanctuaire Nanda Parbat fait partie des décors DC que les puristes affectionnent. Temple tibétain et de méditation dans le film, le sanctuaire abrite d'ordinaire la Ligue des Assassins, aperçu entre autres dans Batman Begins ou dans la série Arrow.
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- Chronologie de DC Universe Animated Original Movies -
(Collection d'OAV destinées à un public adolescent et adulte)